Déjà iconique, la Porsche 911 devient oeuvre d'art
- Augustin Sagehomme

- Oct 29
- 4 min read
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C'était une des attractions du Crayer Street Evening, l'événement bruxellois organisé à la mi-septembre par notre groupe de presse HLCÉ pour la Banque Transatlantique. Deux passions, celle de l'automobile et celle de l'art, n'en faisant qu'une, Augustin Sagehomme y a exposé une Porsche GT3 transformée en oeuvre artistique contemporaine selon un processus collaboratif et complexe qui a demandé plus de 200 heures de travail. Retour sur un projet unique.

Grandeur nature
Ce n'est pas la première fois que des modèles Porsche inspirent les artistes modernes, mais il s'agit le plus souvent de modèles réduits que des (re)créateurs décorent à leur guise. Dans le cas qui nous occupe, c'est de la voiture elle-même, grandeur nature, qu'il s'agit. Elle appartient à Raoul Bauchau, cofondateur de la Cylindrerie à Mont-Saint-Guibert, une Porsche 911 GT3, bolide iconique créé à l'aube de l'an 2000 par le prestigieux constructeur allemand. Dans ce vaste lieu du Brabant Wallon, qu'il a imaginé avec son frère Grégoire comme un espace de stockage sécurisé pour mécaniques de prestige, anciennes, sportives ou luxueuses, notre homme veille ainsi depuis trois ans sur des véhicules d'exception qu'il préserve, entretient et bichonne à la demande. Comment lui est venue l'idée de faire de sa propre voiture, qui vaut d'origine plus de 200.000 euros, un objet exceptionnel, sorte de vitrine ou de symbole de son entreprise ? On la doit, en fait, à l'amitié le liant à un artiste, Augustin Sagehomme, qui, en dehors de sa passion pour la peinture, est également féru d'automobile, actif dans l'équipe "expérience client" chez D'Ieteren quand il n'est pas dans son atelier.
Design et lifestyle
"Je suis en quelque sorte tombé dedans quand j'étais petit", sourit Augustin. "Je suis originaire de la région de Spa/Francorchamps et d'une famille où l'automobile comptait beaucoup, cela fait partie de mon histoire, mais dans mon cas surtout pour le côté design et lifestyle. Tout est parti d'une série de modèles réduits à l'échelle 1/12e que j'ai peints à la demande de D'Ieteren, pour mettre en avant son "luxury business" lors d'une exposition à Autoworld. Comme cela avait l'air de plaire, certains ont alors suggéré de monter un projet grandeur nature, rien n'était plus motivant pour moi, et c'est là que Raoul m'a dit qu'il avait peut-être la voiture qu'il fallait. Sauf que ce qui pouvait sembler simple à première vue ne l'a pas été dans la réalité. J'avais peint directement sur les modèles réduits, mais quand on a voulu le faire sur la voiture elle-même les tests ne se sont pas révélés concluants, c'était trop risqué pour la carrosserie et pas suffisamment qualitatif pour la réalisation artistique. Il a fallu tout repenser."

Une toile de 6 mètres sur 4
La solution est venue d'un "covering" classique, sorte de grand autocollant réversible que l'on pose sur le véhicule et sur lequel on peint. En général une seule couleur. "Ce qui est assez facile pour un spécialiste comme Graficko à Braine-l'Alleud", continue notre interlocuteur, "mais il s'agissait ici de reproduire une véritable peinture de la taille de la voiture, avec son dynamisme, ses couleurs, la mise à plat avec tous les raccords, le toit, les ailes, le coffre, l'avant, bref un tour de force. Je vous passe les détails, mais j'ai peint une toile de 6 mètres sur 4, un photographe a pris plus de 160 clichés en super définition avant de les assembler en une seule grande photo, une prouesse technique. On peut toujours préférer la Porsche telle qu'elle est sortie de l'usine, c'est une question de goûts, mais le résultat est magnifique. C'est d'abord une "Art car" d'exposition, bien sûr, mais elle reste aussi faite pour rouler ainsi, vous ne pourrez pas la manquer, il n'y en a pas d'autre comme ça sur nos routes. Combien vaut-elle désormais en l'état ? Aucune idée, et je ne crois pas qu'elle soit à vendre, mais faites une offre à la Cylindrerie (sourire). En revanche, il y a déjà des demandes de location, et pour les propriétaires tentés par une métamorphose semblable de leur véhicule - croyez-moi, il y en a - nous maîtrisons désormais le processus."
De Tesla à Tomorrowland
Passionné d'art et de créativité, Augustin Sagehomme n'a pas étudié dans le sérail des hautes écoles qui les cultive. Il a fait des études classiques de droit, s'orientant ensuite plus vers le marketing et la gestion de marques de luxe. Il a notamment travaillé chez Tesla... à Dubaï, pour promouvoir en quelque sorte la voiture électrique au pays du pétrole. Il a également collaboré au festival Tomorrowland à différents niveaux. "Ne dit-on pas que le droit mène à tout", sourit-il. "Je suis un autodidacte sur le plan artistique, il n'est pas encore facile d'en vivre, mais j'ai toujours décoré mon espace, toujours dessiné dès que je trouvais un bout de papier ou de syllabus vierge. Encore aujourd'hui, je croque des portraits au bic en utilisant de petits ronds comme des pixels, de Carlos Alcaraz à Coco Chanel en passant par David Guetta. C'est un peu pour tout le monde pareil, on essaie de se lancer, si les échos sont positifs, on vend à des proches, à des amis, aux amis des amis. Quand le réseau s'étend, on finit par monter une exposition, puis une deuxième. J'adore aussi collaborer avec d'autres personnes, avec des marques, des entreprises. Après la voiture, j'ai par exemple peint un vélo longtail pour Bike43 et Lucien, le distributeur spécialisé. J'ai toujours aimé ça, c'est positif, enrichissant et stimulant."







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